Moi Socrate

Je suis Socrate le chien. Je précise, parce qu’il y a un autre Socrate célèbre, mais celui-là est mort depuis longtemps, le pauvre!

Non moi je suis un chien, un toutou, un clébard, un corniaud quoi ! mais je suis beau et intelligent. C’est ce que me dit Rémi mon petit maître et j’avoue je le crois. Rémi ne me mentirait jamais, c’est mon ami. Il a toujours cet air attendri qu’ont les humains quant vous les regardez la langue pendante en remuant la queue. Ça marche à tous les coups:

– Gentil Socrate !

Et il me grattouille la tête. J’adore!

Comment je sais que mon maître est intelligent ? parce qu’il me comprend. Il sait quand je veux des caresses, quand je veux me promener ou quand je n’en peux plus de ses croquettes au poulet… C’est vrai ça, imaginez-vous manger le même plat dans la même gamelle toute votre vie… On a beau être un bon chien-chien, y a des limites !

Mon maître me comprend alors qu’il ne parle pas un mot de chien ! Il faut dire que je sais y faire. J’ai repéré tout ce qui marche : s’ils sont en train de dîner et que la patronne ne veut pas que je réclame un petit os par exemple, je m’assois sous la table, entre l’assiette du patron et celle de Rémi, je sais qu’elle ne me voit pas. Et à cet endroit précis c’est magique, il pleut des petits morceaux de poulet, de fromage, de jambon et parfois même un os. La classe ! je le prends délicatement et je disparais sans faire de bruit.

Si je m’ennuie, alors je prends un air triste, très triste, les oreilles tombantes, la queue basse, les yeux larmoyants.

– Pauvre Socrate ! tu n’as pas l’air très en forme…

A ce moment, je reçois des tonnes de caresses.  Ce n’est pas si mal. Mais le top du top c’est :

– Bon allez, on va se promener !

Youhouuuu ! gagné ! je pars en trombe chercher ma laisse et j’attends en jappant devant la porte.

Parfois c’est mon petit maître qui est triste et je suis là pour lui. C’est sûr, je l’aime moi, cet humain! Je ferais n’importe quoi pour le consoler ! Sauf courir après un ballon. Là faut pas pousser ! je ne suis pas stupide non plus : le ballon n’a aucun goût et aller le chercher, le ramener, le chercher, le ramener, c’est épuisant à la fin.

Je ne comprends pas ce qu’il a mon maître avec ce ballon. Et quand il invite son ami, alors là c’est le pompon ! Il insiste pour que je joue avec eux. Bah non, je refuse, j’ai ma fierté de chien tout de même !

Dernièrement il s’est passé un truc étrange… Rémi a reçu une amie. Il m’a présenté très rapidement, ils sont restés devant  mon tapis à discuter, comme si je n’existais pas. Le comble : ils sont partis dans la chambre et moi je n’ai pas le droit d’y aller, à cause de la patronne, quelle casse-pattes celle-là !

Je suis resté devant la porte en attendant qu’ils sortent. Je me suis dit qu’on irait jouer au ballon, j’étais même prêt à faire un petit effort… Et bien même pas !

Ils sont passés devant moi, et ensuite Rémi est repassé tout seul, les yeux dans le vague. Pas une caresse, pas une grattouille, rien !

Bon, la bonne nouvelle, c’est que tout est redevenu normal ensuite. J’ai un peu boudé quand même, faut pas exagérer, je ne suis pas n’importe qui dans cette famille !

Après je suis allé promener Rémi, il en avait besoin, et me revoilà couché sur mon tapis.

Je vais vous dire un secret : à part mon nom que je n’aime pas trop, j’ai une maison, une famille, des croquettes, mon ami Rémi …

Je trouve quand même que j’ai la belle vie !