De mes deux mains, je ne sais laquelle je préfère.
Moi je suis droitière alors évidemment, ma main droite est la plus habile.
C’est elle qui apprend à écrire en ce moment. Elle est encore un peu lente mais elle s’applique. En dictée elle est plutôt forte. Une seule faute la dernière fois. Elle a oublié le « s » à toujours. Alors je lui ai donné un moyen simple de se rappeler : toujours prend toujours un s.
Ma main droite est aussi celle qui tient le pichet à table, qui attache la ceinture quand maman m’amène à l’école, me brosse les dents et tient la fourchette. Pour les repas d’ailleurs si je devais compter sur ma main gauche, ça serait compliqué. J’ai bien essayé : elle a fait tomber la purée à côté de l’assiette …
Ma main gauche est maladroite. Mais elle est utile pour aider la main droite, quand je me brosse les cheveux, que je prends mon cartable ou quand je boutonne mon jean.
Parfois, je dirais qu’elles sont à égalité : je tiens mon bol à deux mains, l’une tient la tartine l’autre met la confiture, elles tiennent le guidon du vélo ensemble.
En fait, j’aime bien ma main gauche, même si elle est moins habile, plus discrète un peu timide …
Comme moi au fond !
Par exemple quand la maîtresse pose une question, c’est la main droite qui se lève, la gauche jamais.
Mais si je joue du piano, la main gauche se réveille et prend des initiatives. Bien entraînée elle peut faire des choses fantastiques : des accords ou des arpèges qui accompagnent si bien la mélodie.
Les mains ensemble c’est pour jouer Mozart, pour se réchauffer sous la neige ou pour applaudir …
Elles savent toucher ceux qu’on aime : par exemple les miennes se glissent dans la grande main de papa, caressent le poil de Pataud, se pendent au cou de maman.
Mes mains dans la ronde à l’école aiment se lier à celles des autres ; elles envoient des baisers ; elles font des signes.
Depuis l’arrivée de Louise au village, je sais que les mains parlent. Elles dansent devant nos yeux pour dire des mots faits de silence. Parce que Louise ne peut pas parler.
Avec Pierre, je sais que les mains devinent. Elles touchent les objets autour, les caressent, les imaginent. Parce Pierre ne peut pas voir.
Et maintenant ce sont mes mains sur le clavier qui forment les mots que tu es en train de lire. La main droite saisit la tasse de chocolat, la main gauche me gratte le nez, et les deux tapent le dernier mot …
ENSEMBLE
