Achille a de petites mains ravissantes et potelées qui traînent partout : dans le pot de confiture à la cerise, dans la crème chantilly, dans la pâte à gâteau …
Dans la terre du potager, la boue des flaques après la pluie, les épluchures au poulailler…
Dans la peinture à l’école, la pâte à papier, la pâte à modeler…
Achille touche à tout et maman court après, pour laver, nettoyer, désinfecter.
« Attends mon chéri tu en as plein les doigts ! »
« Attends mon poussin tu vas tout salir ! »
« Non, non, mon ange, ne monte pas sur le canapé ! »
Quand Achille a les mains pleines de chocolat, il se lèche les doigts,
Quand elles sont pleines de boue, il les rince dans la gamelle du chien,
Et quand il peint avec les doigts, il s’essuie sur sa chemise toute propre, parce qu’il a oublié de mettre sa blouse.
Maman est en colère.
« Mais maman… » dirait-il s’il savait parler, « laisse-moi me salir. Laisse mes mains cra-crapahuter, sentir le mou, le chaud, le froid, le doux, malaxer la pâte et faire des petits trous.
Et quand je me régale, laisse-moi m’en mettre plein les doigts, pour les lécher ensuite et en avoir jusqu’aux oreilles. Après je donnerai mes mains au chien qui finira de les laver, ça chatouille…
Range le gant, le torchon, la lingette, j’ai besoin pour grandir d’être un petit cochon » !
Mais Achille ne parle pas encore, alors Maman l’attrape, retire ses vêtements sales et le plonge tout entier dans le bain.
Voilà ce qu’on en fait, des petits cochons!
